lundi 29 juin 2015

Juliette en juillet


















Joko Juliette en juillet. - The hoochie coochie, 2014


En vacances pour tout l’été chez sa tante Helena, la jeune et naïve Juliette se trouve confrontée à bien des mystères… Quel est cet étrange attelage tracté par deux jeunes femmes nues qui hante le parc en pleine nuit ? Et Belok, le régisseur de l’inquiétant comte Mika, a-t-il toujours eu ces traits bestiaux ? Quelle est cette énorme créature aquatique que l’on semble nourrir exclusivement de concombres ? Juliette se lance sur la piste, au prix de bien des malheurs et de dangers qui seront autant d’occasions de mettre en valeur une plastique modelée dans la crème au beurre. On l’aura deviné, nous sommes ici au royaume souterrain du bondage, sous-genre relevant d’un SM de bon aloi mâtiné de fétichisme, à la croisée du roman gothique et de la bibliothèque rose, cette puissante machine à fantasmes dont, tous autant que nous sommes, nous sûmes faire si bon usage en notre fiévreuse adolescence. Ce n’est peut-être d’ailleurs pas pour rien si le trait de Joko – vieux routier de l’underground à la française – évoque bien plus celui d’un Glen Baxter que celui d’Eric Stanton ou de John Willie, maîtres du genre auxquels il rend par ailleurs un évident hommage : c’est qu’il partage avec lui ce goût certain du détournement appliqué à l’imagerie du roman pour la jeunesse, cet indispensable ingrédient de toute bonne éducation à l’anglaise, au même titre que le martinet, la cravache et le chat à neuf queues. Seulement, là où l’anglais en privilégie l’absurdité sous-jacente, Joko en dégage quant à lui toute la charge érotique, dans un récit dessiné d’un classicisme presque intemporel, où l’on aurait tort, toutefois, de ne voir qu’une entreprise de perversion : si la loi du genre implique bien entendu un double discours, où l’image complète avec délices ce que l’héroïne ingénue s’obstine à ne pas comprendre, cela n’entame en rien l’innocence fondamentale d’un scénario dont la volontaire ineptie fait elle-même tout le sel, en deçà de tout l’esprit de sérieux dont la littérature « érotique » entend bien trop souvent se prévaloir et qui la rend si fatigante. Quand bien même on se gardera de la mettre entre toutes les mains (les miennes s’avérant déjà bien assez moites) cette Juliette en juillet prolonge bien plus notre enfance qu’elle ne la démoralise. On ne saurait en dire autant de Justin Bieber.

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