Fatherland / Nina Bunjevac. – Ici-même, 2014.
Quoi qu’en laisse présager certaine actualité récente, il
n’est pas sans doute pas encore donné à tout le monde d’avoir eu un père
terroriste. Celui de Nina Bunjevac, dessinatrice canadienne d’origine serbe, est
mort en 1977, dans l’explosion de la bombe qu’il s’apprêtait à poser. Militant
nationaliste serbe, farouche opposant à la Yougoslavie de Tito,
Peter Bunjevac vivait pour la cause, au point de lui sacrifier sa famille. Sa
femme, inquiète de la tournure des événements, finit par quitter le Canada avec
leurs deux filles pour se réfugier en Yougoslavie, auprès de ses parents.
L’ombre de cet homme violent et tourmenté ne cessera pas pour autant de les
hanter, au-delà même de sa mort, pourtant vécue comme une libération. Mêlant
grande et petite histoire, anecdotes personnelles et documents d’époques, le
récit de sa fille est d’autant plus impressionnant qu’il est porté par un
graphisme volontairement froid, au système de hachures et de points
parfaitement maîtrisé, entre mise à distance et subjectivité assumée, dans un
style documentaire que l’on pourrait rapprocher de celui d’un Joe Sacco dans
ses bons jours.
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