Police Lunaire / Tom
Gauld. – Ed. 2024, 2016.
Agent de police sur la Lune est une activité plutôt contemplative :
la criminalité y est nulle et d’ailleurs tout le monde s’en va, même Mme
Henderson et son chien. Ne reste que la jeune femme du Lunar Donuts…
Tom Gauld a-t-il raté une belle carrière dans la
police ? Chaque livre le trouve lui-même un peu plus lunaire que le
précédent. On l’imagine assez bien fignoler ses petites hachures entre deux
donuts en rêvant à la Terre,
en tant qu’unique représentant international d’une bande dessinée écossaise
réduite à sa plus simple expression. Un style graphique proche du pictogramme,
des personnages dénués de bouche et toujours vus de profil, une méfiance
instinctive envers tout effet de manche, un minimalisme assumé dont il ne cesse
de réaffirmer la leçon principale selon laquelle moins on en fait, meilleur
c’est : cela pourrait être aride et ça ne l’est pas. Car, en bon Sélénite,
Tom Gauld est un peu poète, et son presque-rien laisse place à un
je-ne-sais-quoi que l’on pourrait bien, si on l’osait, qualifier de tendre. D’une
tendresse en apesanteur, sans mièvrerie ni fleurettes, et dont la mélancolie
légère tempérée par l’humour fait de cet album le plus digne successeur à ce
jour des Chroniques martiennes de Ray
Bradbury.
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