mardi 1 octobre 2019

Elli Kronauer


















Ilia Mouromietz et le rossignol brigand, d'Elli Kronauer. - L'école des loisirs, 1999
Aliocha Popovitch et la rivière Saphrate, d'Elli Kronauer. - L'école des loisirs, 2000
Sadko et le Tsar de toutes les mers océanes, d'Elli Kronauer. - L'école des loisirs, 2000
Soukmane fils de Soukmane et les fleurs écarlates, d'Elli Kronauer. - L'école des loisirs, 2000
Mikaïlo Potyk et Mariya-la-très-blanche-mouette, d'Elli Kronauer. - L'école des loisirs, 2001

Elli Kronauer n'est pas le plus connu des écrivains post-exotiques. Moins, en tout cas, que Lutz Bassmann, Manuela Draeger et Antoine Volodine. Son oeuvre, très homogène, se réduit d'ailleurs à ces cinq titres, aussi rutilants les uns que les autres. C'est qu'ils ont de qui tenir : Ilia Mourovietz, Aliocha Popovitch, Dobrynia Nikitich... les familiers des contes russes auront reconnu les fameux Bogatyrs, chevaliers errants et héros favoris des bylines, ces poèmes épiques fondateurs de la littérature russe, l'équivalent, si l'on veut, de nos chevaliers de la Table ronde. Mais quiconque s'est un tant soit peu frotté aux contes d'Afanassiev dans leur version brute de collectage (Maisonneuve et Larose, 2000) sait également qu'il nécessitent une réécriture pour être pleinement appréciés. C'est à quoi s'est attaché Elli Kronauer avec cette série de bylines qui, tout en respectant scrupuleusement la trame fantastique des poèmes, avec leur cortège de métamorphoses et de créatures merveilleuses, les transpose dans l'univers crépusculaire du post-exotisme, tout de déglingue industrielle et de poisons nucléaires. Et les couleurs chatoyantes des illustrations de Bilibine de se teinter de moisissure et de rouille dans l'imagination du lecteur transporté, ravi par le jeu très oral des répétitions, la scansion d'un texte fait pour être psalmodié par un vieux barde aveugle au fond d'un appartement communautaire ou bien l'un de ces réfectoires en ruine où le prince Vladimir Beau-Soleil a l'habitude de régaler "ses meilleurs ingénieurs, ses grands généraux, ainsi que les héros des steppes qui étaient de passage à Kiev, ou qui retournaient dans le secteur de Kiev après de longues et merveilleuses aventures."
Parus aux alentours de l'an 2000 dans une collection pour adolescents (du temps où l’École des loisirs s'autorisait encore de ces fantaisies), ces cinq petits volumes auront évidemment encouru le silence critique et le mépris de tous ceux qui considèrent encore la littérature jeunesse comme une sous-littérature de niche à l'usage des débiles et des dames patronnesses. Qu'ils crèvent. On peut continuer sans eux.

Nouveaux contes populaires russes, de A. N. Afanassiev. - Maisonneuve et Larose.
Pour un retour aux sources, ce gros volume est LA bible du conte russe. A la différence du travail des Grimm ou du Kalevala d'Elias Lonnrott, les contes sont cependant beaucoup plus proche de l'état brut dans lequel ils furent collectés, ce qui peut tout de même les rendre quelque peu indigestes aux habitués de Perrault... On y retrouvera cependant tous nos héros (et bien d'autres).



Contes russes, de Luda ; illustration d'Ivan Bilibine. - Seuil.
On les préférera donc dans une version adaptée, celle de Luda, en l'occurrence, dont la valeur littéraire est incontestée, d'autant plus qu'ils nous arrivèrent en leur temps (chez Messidor-La Farandole), littéralement enchâssés dans les magnifiques illustrations d'Ivan Bilibine, qui fut à l'illustration russe ce qu'Arthur Rackham fut à l'anglaise. Les rééditions récentes ont  un peu perdu en qualité d'impression mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a : un petit chef d’œuvre art nouveau, un sommet de l'illustration.


Les Bogatyrs, ainsi que de nombreux autres épisodes du folklore, ont également été une source inépuisable d'inspiration pour les peintres "Ambulants" de la fin du 19e siècle, dont, ici, Viktor Vasnetsov (1848-1926)


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