L’œil de la nuit / Serge Lehman, Gess, Delf. – Delcourt, 2015-2016.
Léo Saint-Clair, dit le Nyctalope, détective de l’étrange,
doté d’un cœur artificiel, premier super-héros français, est né en 1911 sous la
plume du très prolifique Jean de La
Hire, authentique aristocrate et l’un des plus grands
pourvoyeurs de romans à deux sous de la première moitié du siècle dernier.
Après l’avoir enrôlé il y a quelques années dans leur Brigade chimérique,
épatant hommage rétro-futuriste au roman populaire bien de chez nous et réponse
tricolore à la Ligue
des Gentlemen extraordinaires d’Alan Moore, Serge Lehman et Gess en font L’œil de la nuit, héros éponyme d’une
nouvelle série en trois volumes qui achève de nous rassurer sur la capacité de
la bédé française à concilier le muscle et le bon goût. Qu’il démêle ou non les
multiples références à l’histoire et au roman populaire (on y croise pêle-mêle
Camille Flammarion, le Tigre, le Sâr Dubnotal et même Arsène Lupin en personne), l’amateur du
genre y trouvera son compte de monstres griffus, de valets fidèles, de mages
psychagogues et de gros boulons. L’ironiste averti, que ne convainc pas le
énième retour de Superdupont, s’y réjouira quant à lui de cet humour discret
mais bien présent qui n’a jamais déparé le feuilleton du bon faiseur.
Quant à l’esthète exigeant, s’il reste encore une fois un peu sur sa faim, il
goûtera toutefois le bel effort de lisibilité d’un dessinateur qui n’a malheureusement pas toujours
brillé par son élégance (les splendides couvertures ne sont d'ailleurs pas de lui).
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