Sunny
/ Taiyou Matsumoto. – Kana, 2014-…. – 6 vol. parus
Au
moment où paraît le 6e volume de la série, il était grand temps de parler de Sunny. Depuis Amer béton, Taiyou Matsumoto s’est imposé comme l’un des mangakas
les plus originaux du Japon : Ping
Pong, Gogo Monster, Le samouraï
bambou, tout comme le génial et
énigmatique Number 5, sont tous
devenus des classiques. Parions qu’il en adviendra de même de cette nouvelle
série, la plus attachante qu’il ait jamais produite, peut-être parce qu’elle
puise très largement dans ses propres souvenirs. Sei, timide et studieux,
Haruo, le faux dur aux cheveux prématurément blancs, la jolie Megumu, Jun le
petit morveux chevelu, l’étrange Tarô… tous ont en commun d’être de ces
« enfants des étoiles », orphelins ou délaissés par leurs parents et placés
dans un foyer où, sous la bienveillante surveillance des adultes, ils
s’efforcent encore de vivre, de grandir et d’être heureux, malgré toutes leurs
trop précoces blessures. Si, de son propre aveu, l’auteur lui-même tenait
plutôt du calme Sei, il a certainement mis un peu de lui dans chacun de ses
personnages, tant il met de tendresse et de pudeur à les raconter au quotidien,
sans effets superflus, sans larmoiements mais avec toute l’intelligence du
récit dont on le sait capable et qui en fait l’équivalent – cela n’engage que
nous – d’un Carlos Sampayo. Bref,
si d’aventure il restait encore sous une pierre l’un ou l’autre de ces esprits
chagrins pour prétendre que les mangas sont plus bêtes qu’eux, la simple lecture
d’une dizaine de ces pages lumineuses devrait suffire à les réduire en cendres…