mercredi 7 février 2018

Isabella Bird, femme exploratrice


















Isabella Bird, femme exploratrice, de Taiga Sassa. - Ki-oon, 2017-...

La véritable Isabella Bird avait 47 ans lorsqu'elle visita le Japon, en l'an 2 de l'ère Meiji (1878). Qu'avait-elle en réalité de commun avec la jolie blondinette qui l'incarne avec enthousiasme dans ce manga inspiré des lettres qu'elle postait à sa sœur ? Peu de choses, sans doute, sinon un courage et une ténacité à toute épreuve : il en fallait pour se lancer seule ou presque sur les routes d'un pays encore à peu près interdit aux étrangers. Mais elle est déjà mondialement célèbre à l'époque et parvient à arracher aux autorités un laissez-passer qui lui permet de circuler dans tout l'archipel, jusqu'à la grande île du nord, à la rencontre des mystérieux Aïnous, ce peuple aborigène aux mœurs réputées sauvages. Elle ne parle évidemment pas japonais, il lui faut donc un guide-interprète : elle engage le flegmatique Ito, qui lui sera d'une aide précieuse et avec lequel elle entretient une relation plus cordiale que ne l'autorise la morgue toute victorienne qui régit les rapports habituels de ses concitoyens avec les "natifs" de quelque pays que ce soit. C'est par lui qu'elle aura accès - et nous avec - à tout un monde alors en voie de disparition, ce Japon populaire et loin d'être zen, tout pétri de traditions immémoriales que la modernisation et l'industrialisation galopantes ne tarderaient pas à mettre à mal. Tout l'étonne et l'émerveille, l'émeut aussi parfois, comme la prévenance et la gentillesse de ceux qui la transportent dans leur voiture à bras et dont le corps presque nu s'orne de tatouages incroyables ou comme cette petite fille fort volontaire, dont les premières règles font l'objet d'une présentation où tout le village est convié. Grand voyageur lui-même, Taiga Sassa fait œuvre de pédagogue. Choisir comme héroïne une voyageuse étrangère, c'est la garantie d'avoir l’œil à tous les détails et de ne rien laisser passer sans explications. De facture classique, sans brio particulier, son récit n'en est pas moins profondément attachant et fascinant par la précision de son travail de reconstitution, d'un didactisme sans lourdeur et soucieux d'établir des ponts entre les peuples, si éloignés puissent-ils paraître. La véritable Isabella Bird était-elle aussi tolérante que l'est sa fougueuse doublure de papier ? Il faudrait lire l'original pour s'en assurer. En attendant on n'hésitera pas une seconde à chausser ses bottines pour lui emboîter le pas, aussi loin qu'il faudra.

Unbeaten tracks in Japan, d'Isabella L. Bird. - Traveler's tales.
L'original, donc, qu'il faudra lire en anglais, puisqu'il n'a semble-t-il jamais été traduit... Il reprend le contenu des 44 lettres envoyées par l'exploratrice à sa sœur, expurgé des détails personnels. La première édition date de 1880. Avis aux traducteurs...
Une Anglaise au Far West, d'Isabella L. Bird. -  Payot, 1997.
Son livre le plus connu. Le Colorado n'est pas encore un Etat, Isabella a 42 ans et elle tombe follement amoureuse d'un desperado local.

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