mardi 14 octobre 2014

Vois comme ton ombre s'allonge




















Gipi Vois comme ton ombre s'allonge. - Futuropolis, 2014.

D'aucuns, la cinquantaine venue, s'enfuient avec leur secrétaire. D'autres font un choix moins radical et se contentent de publier un nouveau livre. Partisan de la sublimation, Gipi projette un écrivain vieillissant dans les affres d'une subite schizophrénie qui le laisse aux mains d'un quarteron de psychiatres bien moins réels que les univers qui le hantent. Abandonné par sa femme, méprisé par sa fille, Silvano Landi se raccroche à ce qu'il peut, à commencer par les lettres lumineuses que, du fond des tranchées, son grand-père écrivait à sa jeune épouse. Jusqu'à ce jour où, envoyé en reconnaissance, il reste bloqué dans le no man's land avec un camarade blessé dont les plaintes sont susceptibles de les trahir à tout moment. A quel prix peut-on traverser l'horreur pour rejoindre l'amour et la lumière ? L'image d'un arbre mort, répétée, compulsive, pourrait bien servir de réponse, comme une métaphore généalogique de la dévastation ou bien comme une façon d'approcher de biais une réalité qui se dérobe, parce qu'inacceptable.
Alternant dessin au trait et ce très beau travail à l'aquarelle qui l'a fait connaître en France dès Notes pour une histoire de guerre et Les innocents (Actes sud, 2005), Gipi s'affirme une fois de plus avec ce nouvel album comme l'un des auteurs les plus doués d'une bande dessinée italienne que l'on avait laissée pour morte entre les mains moites de Milo Manara.

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