lundi 8 septembre 2014

Fred : l'histoire d'un conteur éclectique




















Fred : l'histoire d'un conteur éclectique. - Dargaud, 2011.

On a déjà tout dit sur Othon Aristidès dit Fred mais on ne l'a pas dit assez fort. Notamment qu’avant d’être l’auteur de Philémon et l’un des plus grands poètes de la bande dessinée, Fred est aussi l’un de ses plus grands novateurs et un dessinateur hors-pair. Parisien, mais très marqué par les racines grecques de ses parents, fondateur de Hara-kiri avec François Cavanna et Georges Bernier (alias Choron), il débute sa carrière comme dessinateur humoristique, domaine où il s’affirme d’emblée comme un maître de l’humour noir et absurde, aux côtés d’un Topor ou d’un Gébé. Le petit cirque, que beaucoup considèrent encore comme son chef-d’œuvre, marque l’une de ses premières incursions dans la bande dessinée avant que René Goscinny lui ouvre les portes de Pilote pour Philémon. Cette série, qui devient rapidement l’une des séries vedettes du journal, renouvelle profondément les codes graphiques de l’époque mais aussi, de façon plus discrète, la façon de raconter une histoire en images (un Joann Sfar, aujourd’hui, lui doit beaucoup). Car on l’oublie parfois, Fred est avant tout un formidable conteur qui a aussi beaucoup écrit pour les autres, non seulement des scénarios de BD (Ils voyagent dans le temps pour de l’argent avec Alexis) mais aussi des chansons (pour Jacques Dutronc) ou des courts-métrages de télévision.

Ce livre, issu d’entretiens, se veut avant tout un hommage à un auteur dont la discrétion ne permet pas toujours de mesurer l’importance. A ce titre on peut toutefois regretter la forme retenue par Marie-Ange Guillaume, vieille soutière de la BD qui a mené les entretiens et bâti cette monographie. En choisissant de faire dialoguer Fred avec son personnage, elle brouille un peu les cartes si bien qu’on ne sait plus toujours très bien qui parle, d’elle-même ou de l’auteur dont elle reformule les propos. On regrettera également l’absence totale de bibliographie, au profit d’une collection de dessins-hommages d’assez faible intérêt, ce qui gâte un peu l’effet d’un ouvrage très richement illustré et qui, sans cela, resterait passionnant de bout en bout.

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