lundi 8 septembre 2014

La maison close




















Collectif La maison close. – Delcourt, 2010. 

En 2009, à l’occasion du Festival d’Angoulême et à l’instigation des provocateurs Ruppert & Mulot, une trentaine d’auteurs de bande dessinée – filles et garçons – furent invités à se joindre à un projet d’œuvre collective intitulé « La Maison close ». Il s’agissait pour chacun de se mettre lui-même en scène et d’entrer en interaction avec les autres dans un décor (de maison close, donc) dessiné par les maîtres de cérémonie (qui se contenteront pour leur part de tenir le bar et le vestiaire). Les filles étant invitées à figurer les prostituées et les garçons les clients, le projet était sensible et n’a pas manqué de susciter quelques polémiques parmi les féministes. Fallait-il cependant vraiment s’alarmer, tant le second degré était évident dans l’énoncé même de la proposition ? Le résultat est bien plus hilarant qu’émoustillant et chaque auteur se met en scène avec beaucoup d’humour et d’autodérision : Killofer en clochard s’empoignant avec Sébastien Lumineau, Lewis Trondheim en vigile lâche et vénal, Boulet souffrant de « polymorphie psychosomatique », Zep en PLV trimballée par Frantico et ramenée à la maison par une Hélène Bruller déchaînée figurent parmi les grands moments de l’histoire. Quant aux dessinatrices, Lucie Durbiano, Anouk Ricard, Lisa Mandel, Catherine Meurisse… « victimes » désignées du projet, elles s’en tirent avec beaucoup de subtilité face à des « clients » souvent plus embarrassés qu’elles. A ce titre, la rencontre entre Aude Picault et le timide Tom Gauld est un petit bijou de délicatesse, qui suffirait à sauver tout l’album s’il avait lieu de l’être. Mais il ne l’a pas : on est bien loin du machisme bien réel qui règne dans certaine « bédé » et cette maison close-là relève décidément bien plus de l’OuBaPo (Ouvroir de Bande dessinée Potentielle) que du salon chinois de Madame Claude.

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