mardi 9 septembre 2014

Le fou sur la montagne




















Olivier, Jérôme & Anne-Claire Jouvray Lincoln. 7, Le fou sur la montagne. – Paquet, 2012. 

Si jamais le terme d’anti-héros trouva à s’appliquer à un personnage, c’est bien à Lincoln, toujours pris en sandwich entre le diable et le bon dieu. Après ses aléas mexicains, voici qu’on le retrouve trappeur au Montana, avec pour seule perspective l’échange hebdomadaire de ses peaux contre une bonne cuite au saloon du coin. Mais la prohibition a frappé : la campagne énergique d’un curé de choc appuyé par l’Etat a vidé d’un seul coup tous les flacons du pays, plus une goutte à se mettre sous le faux-col ! Mais Lincoln n’est jamais sans ressource : s’associant à un commerçant de la ville, le soiffard se fait bootleger et se met à produire une « boisson d’homme » à flinguer n’importe quel tonton. Il y a de la demande et l’affaire promettrait d’être juteuse si le distillateur n’avait pas une telle tendance à tâter de sa propre gnôle, menant sans le vouloir à l’incendie, à la bagarre et à la mort du petit commerce.
On aime bien Lincoln, qui est certainement ce qui est arrivé de mieux au western depuis la mort de René Goscinny. Car il y a du Lucky Luke en lui, un Lucky Luke pour adultes, certes, cynique, râleur, sans brin d’herbe et sans flingue et toujours prêt à déconner plus vite que son ombre, mais brave type quand même, comme il en faut même dans l’Ouest le plus sauvage. Au fond, que cherche-t-il d’autre que son indépendance, sans souci du mal ou du bien dont les principaux représentants n’ont de cesse de le débusquer où qu’il soit pour le provoquer ou lui faire la leçon ? En tout cas, ce 7e tome confirme une fois de plus la réussite d’une série à la fois agréablement classique dans sa mise en œuvre et parfaitement atypique dans son projet. Décidément, la maison Jouvray ne connaît pas la crise.

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