mardi 9 septembre 2014

La vie secrète des jeunes. 3




















Riad Sattouf La vie secrète des jeunes. 3. – L’association, 2012. 

Pour ceux qui voudraient en reprendre, voilà 140 nouvelles pages de déprime. Sur le moment, on n’y croit pas. C’est comme pour les Brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio, on se dit, ce n’est pas possible, ce type passe sa vie dans les bars, il n’a pas le temps de faire autre chose, il se démolit le foie d’un zinc à l’autre en attendant le bon mot. Eh bien Sattouf, c’est pareil : il doit passer sa vie dans le métro, dans la rue, en terrasse à laisser traîner ses grandes oreilles pour ramasser son lot d’anecdotes. Et encore, si ce n’était que ça, ça le regarde, mais tomber sur des trucs pareils, ça n’arrive qu’une fois dans sa vie, et on se le raconte dix ans plus tard. Mais Sattouf, c’est tous les jours ! Au moins toutes les semaines, de quoi remplir sa rubrique dans Charlie-Hebdo. Il les invente ou quoi ? Même ça, ce n’est pas possible. Peut-être qu’il les arrange un peu mais un tel compendium de connerie ça ne s’invente pas. Pire, ça fait peur. Toutes classes sociales et tous milieux confondus, la débilité profonde, la méchanceté, la bassesse hallucinante de ces dialogues empilés finit par faire froid dans le dos. Nous sommes cernés, la bêtise gagne toujours à la fin. Une bêtise insondable, servie par une langue en perdition, parfois réduite à un magma bavochant, incompréhensible ou bien au contraire par la préciosité des accents de la distinction, c’est égal : ce qui fait le plus peur, c’est de penser que tous ces gens ont le droit de vote.

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